Mobilisation nationale des motards contre le contrôle technique des deux-roues

moto

La décision récente de rendre obligatoire le contrôle technique pour les deux-roues a déclenché une véritable tempête au sein de la communauté des motards à travers la France. Jusqu’à présent épargnées par cette mesure, les motos, scooters, mais aussi les quadricycles légers à moteur se retrouvent désormais face à une obligation qui a longtemps été l’apanage des automobiles. Cette décision, ancrée dans une directive européenne datant de 2014, avait été évitée pendant des années grâce à divers recours et décisions politiques, notamment celle du Président Emmanuel Macron qui, soucieux de ne pas « embêter les Français », avait initialement décidé d’enterrer le projet. Cette mobilisation massive des motards, prévue les 13 et 14 avril, soulève de nombreuses questions quant à l’efficacité et la nécessité de ces contrôles techniques pour les deux-roues.

Historique et implications du contrôle technique pour les deux-roues

L’introduction du contrôle technique obligatoire pour les véhicules de catégorie L (qui inclut les motos, scooters, quadricycles légers à moteur, et les quads) marque la fin d’une exception qui datait de 1992. Cette mesure, faisant suite à une directive européenne de 2014, avait pour but initial d’harmoniser les règles au sein de l’Union Européenne, où la plupart des pays avaient déjà adopté un tel dispositif. Plus spécifiquement, cette réglementation vise à contrôler 78 points clés des deux-roues, allant du bon fonctionnement des freins à l’état des pneumatiques, en passant par le contrôle du bruit et de la pollution. Avec 87 défaillances majeures pouvant entraîner une contre-visite, les propriétaires de deux-roues sont confrontés à une procédure qui pourrait s’avérer coûteuse et fastidieuse.

La mesure, qui prend effet dès le 15 avril, concernera d’abord les véhicules immatriculés avant le 1er janvier 2017. Les conséquences sont tangibles, avec une augmentation notable des ventes de deux-roues d’occasion, preuve de l’inquiétude des propriétaires à l’égard de cette nouvelle réglementation. L’assureur Solly Azar a d’ailleurs rapporté une hausse de 6% des ventes au premier trimestre 2024, un signe évident de la réaction du marché à cette nouvelle mesure.

 

La mobilisation des motards à travers la france

En réaction à l’annonce de cette obligation, les motards ont rapidement exprimé leur mécontentement et organisé des manifestations d’envergure nationale. Sous l’impulsion de la Fédération des Motards en Colère (FFMC), des rassemblements bruyants sont prévus dans plusieurs grandes villes françaises, y compris à Paris, Lille, Toulouse, Nevers, Tarbes, et Marseille. D’après des sources policières, environ 20 000 motos sont attendues dans toute la France, avec un pic de mobilisation prévu pour le weekend des 13 et 14 avril. Les organisateurs mettent en avant le fait que l’état du véhicule, souvent pointé du doigt par les défenseurs du contrôle technique, n’est pas une cause principale d’accidents, ces derniers étant plus souvent liés à l’état de la chaussée.

Plusieurs députés de la majorité, sensibles aux revendications des motards, ont également pris part au débat, demandant l’instauration d’un moratoire sur le contrôle technique. Parmi ces voix s’élève celle de Sacha Houlié, président de la commission des Lois et lui-même motard, qui souligne la difficulté à trouver des centres de contrôle prêts à appliquer cette mesure. En dépit de ces interventions politiques, la mesure a été maintenue, avec la clarification que tous les véhicules de catégorie L devront être contrôlés tous les trois ans, sous peine d’une amende de 135 euros ou d’une immobilisation du véhicule.

moto contrôle technique

La réponse des centres de contrôle technique et des contrôleurs

Face à cette nouvelle obligation, les centres de contrôle technique ont dû se préparer activement pour accueillir les deux-roues. Si toute la France n’est pas encore couverte, près de la moitié des centres sont désormais prêts à réaliser ces contrôles, représentant environ 3 000 contrôleurs formés pour cette tâche. Cette adaptation rapide démontre la capacité du secteur à répondre aux nouvelles exigences réglementaires, bien que l’accueil de cette mesure par les motards reste, pour le moins, tiède.

Il est intéressant de noter l’expérience d’autres pays européens ayant déjà mis en place le contrôle technique pour les deux-roues. En Espagne, par exemple, où le contrôle est en vigueur depuis 2006, une baisse notable de la mortalité des conducteurs de cyclomoteurs a été observée, bien que l’impact sur les motards reste mitigé. En 2022, 17% des deux-roues contrôlés ont dû passer une contre-visite, révélant des défauts principalement liés à l’éclairage, la pollution, ou le bruit.

Les perspectives face à la controverse

La mise en œuvre du contrôle technique des deux-roues soulève des questions fondamentales sur l’équilibre entre sécurité routière et liberté individuelle. Si l’objectif de réduire les accidents de la route est louable, la méthode pour y parvenir fait débat. Les données disponibles, comme celles provenant de la mise en œuvre du contrôle technique en Espagne, offrent un panorama mitigé sur son efficacité réelle. La réaction des motards français, à travers une mobilisation sans précédent, souligne une fracture dans la perception de cette mesure, jugée par beaucoup comme intrusive et disproportionnée.

À l’heure où la France s’apprête à franchir un pas significatif dans la régulation des deux-roues, l’issue de cette mobilisation nationale, ainsi que l’impact à long terme du contrôle technique sur la sécurité routière et le marché du deux-roues, restent à observer. Seule certitude, cette mesure a déjà transformé le paysage des deux-roues en France, entre ajustements réglementaires et contestations citoyennes.

Un petit récapitulatif

La récente obligation du contrôle technique pour les deux-roues en France soulève de nombreux débats :

  • Introduction d’un contrôle obligatoire pour motos, scooters et quadricycles dès le 15 avril, visant à harmoniser les règles au sein de l’UE.
  • Mobilisation massive des motards, avec environ 20 000 participants attendus pour protester contre cette mesure.
  • Préparation des centres de contrôle technique, avec 3 000 contrôleurs formés pour accueillir les deux-roues.
  • Interrogations sur l’efficacité du contrôle technique dans la réduction des accidents.
  • Des perspectives incertaines face à une contestation significative et un impact à observer sur la sécurité routière.

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