Le préjudice est lourd, mais on séchera les larmes : aucun blessé n’a été déploré, et la réparation est déjà en ligne de mire.

Une vision d’apocalypse sur le boulevard de Clichy

Aux petites heures, entre 2 et 3 heures du matin, une scène presque irréelle s’est déroulée sous les yeux de la butte Montmartre. Les ailes du Moulin Rouge, cet emblème affichant fièrement 135 années d’histoire, se sont décrochées et ont entraîné dans leur chute une partie de la devanture colorée du cabaret. Lettres au sol, Moulin amputé, la comparaison avec une mutilation de la Tour Eiffel n’est pas exagérée. Aucun risque supplémentaire d’effondrement n’est rapporté, et un périmètre de sécurité entoure désormais le lieu, veillant sur les passants et la mémoire du cabaret.

Jean-Victor Clerico, le directeur général du Moulin Rouge, confirme la première de ce genre depuis l’ouverture en 1889. Malgré la surprise et le chagrin, il insiste sur la capacité de résilience du cabaret. Certes, les spectacles continueront comme prévu, malgré les ailes en moins. Cuisiniers, employés et habitués partagent un sentiment de tristesse, à l’image d’Exaucé, troublé par l’incident, ou de Daniel, local de 58 ans, qui espère une restauration rapide de ce patrimoine.

Le Moulin Rouge, une institution dans l’attente d’une cure de jeunesse

Depuis 1915 et un incendie dû à des rénovations, le Moulin Rouge avait échappé aux grandes catastrophes, se relayant seulement dans les brumes de l’anecdote. Rachida Dati, ministre de la Culture, et Anne Hidalgo, maire de Paris, ont exprimé leur émotion et leur soutien pour une rénovation prompte, envisageant même une remise en beauté avant les prochaines Olympiades. Le Moulin, ce n’est pas seulement un édifice, c’est le cœur battant de la vie culturelle et festive, attirant annuellement plus d’un demi-million de visiteurs du monde entier.

Le Moulin Rouge perd ses ailes, mais certainement pas son âme. Si Paris pleure un de ses joyaux momentanément ébréché, il trouve aussi dans cette épreuve une conviction renouvelée en la pérennité de ses monuments. Tant que le cancan résonne et que les paillettes scintillent, le moulin de la fête, même terrestre, continuera de tourner. Réparations, solidarité et résilience sont les maîtres mots d’une renaissance qui s’annonce grandiose et dont l’épilogue fera briller à nouveau celui qui, même sans ses ailes, reste à jamais le Moulin Rouge.